Il semble que j’avais depuis fort longtemps souhaité cette journée.
10h du matin. Plantée devant un plan de bus, tentant désespérément d’en déchiffrer le code sans l’aide d’Alan Turing, je sens une présence dans mon dos. Une dame, hors du temps, la soixantaine toquante, une longue chevelure grise et la mine ravie. Une mamie comme on n’en fait qu’à SF, de celle qui ne semble jamais avoir quitté Woodstock. L’air complètement heureuse, l’air complètement ailleurs, je ne sais pas lequel des deux airs prenait le dessus sur l’autre, elle me regarde l’oeil brillant et entreprend la conversation. On a fait un brin de chemin ensemble, puis on s’est séparée. Après cette rencontre, j’ai su que j’étais sur le bon chemin, celui du Beat Museum, celui d’une contre-culture parmi toutes les autres qu’SF a portée.
Mon parcours m’a conduite à travers le quartier chinois jusqu’à l’angle de Broadway et Colombus, en bordure de North Beach.
M’y voilà, au fameux.musée! Et je n’ai pas boudé mon plaisir. Après avoir été grandement déçue par l’exposition Beat Generation de Beaubourg, trop proprette et bienséante, j’ai découvert avec plaisir cet antre Beat, auquel je me suis abandonnée deux heures durant. De quoi plonger toute entière dans ces années littéraires prolifiques. Tout personnellement et anecdotiquement, j’étais assez excitée quand je me suis rendue compte qu’hier j’ai emprunté les mêmes chemins de randonnée que Snyder et Kerouac, du Mt tamalpais à Stinson Beach dans the Dharma bums. Soyez indulgents avec ce que je viens de vous avouer 😉
Au sortir du musée, dans la librairie, je tombe sur un livre de Jack Kerouac: Big Sur. L’aubaine ! Je m’y rends la semaine prochaine, à Big Sur (Google is your friend). Et avec ce livre en poche, j’ai de quoi enrichir l’expérience du voyage au coeur de cette côte sauvage qui a inspirée tant d’écrivains, et notamment Stevenson et son île au trésor.
Direction maintenant le Vesuvio cafe, à trois pas, haut lieu de rencontre et de vie de la Beat Generation, et qui, selon les dires du tenancier du musée, continue toujours à étancher la soif des vieux beatniks de North Beach. Pour moi, ce sera un black coffee à 2$, not so expensive pour un lieu chargé d’histoire. Il faut avoir foulé son sol, reluqué sa déco vieillotte et clinquante et s’être attardé sur les photos témoignages pour se saisir de l’atmosphère particulière de ce lieu.
Un tour dans la City Lights publisher, maison d’édition qui, la première a publié Howl d’Allen Ginsberg, et toujours tenue par Ferlinghetti, puis retour à l’auberge.
Ce fut une journée nourrissante pour le coeur et l’esprit. Un esprit sain dans un coeur sain.
Demain, l’aventure SF s’arrête pour moi, mais je rendrai mon flambeau avec un exquis sentiment de plénitude et d’accomplissement. J’aurais pris à tout ce que je pouvais prendre.
Next Step: YOSEMITE, here i come.
PS : Les deux premières photos montre respectivement les lieux de l’auberge dans lesquels j’avais mes habitudes de petit-déjeuner et diner. Pour ceux que ça passionne.