Expérience surprenante.
Il semblerait que la petite blondinette à bonnet qui me tenait lieu de colocataire dans le dortoir hier, lorsque je me suis abandonnée aux bras de Morphée, se soit durant la nuit transformée en un groupe de 9 allemands d’une vingtaine d’années.
Quelle fut donc ma surprise lorsque je me suis éveillée dans cette cacophonie germanophone. Et ces braves gars ne semblaient pas plus au courant de ma présence que je ne l’étais de la leur.
Dans pareille situation, j’ai donc immédiatement sondé mon moi intérieur à la recherche de la réaction adéquate :
1/ Je retourne me cacher sous mes draps
2/ Je tente de faire ami-ami avec eux: » vous savez les gars, j’ai toujours trouvé ça avant-gardiste, les chaussettes dans les sandales »
3/ Je fais comme si de rien n’était, et je passe nonchalamment devant eux en me grattant les couilles.
J’ai opté pour la fuite. De toute évidence, nous n’avions pas, avec l’auberge, la même définition de « female dorm », car il était maintenant clair que j’étais la seule femelle du troupeau. Peu importe, c’est l’heure du whole grain pancake, qui lui ne se préoccupe guère du sexe de son assaillant.
Pas de temps à perdre, l’unique bus de la matinée est à 8h20, et 1h15 de route nous sépare du parc.
Plus on approche et plus la végétation revêt un épais manteau blanc. J’en profite pour prendre quelques fantastiques clichés reflétant la vitre du bus et témoignant ainsi de toute leur authenticité, et enseigner à mon ami irlandais toute la richesse de la langue française: – so, that’s a cacahouète
– kaka ouette ?
– Yes.
Nous arrivons. J’écarquille les yeux. Je ne peux pas croire qu’hier encore je me pavanais en tee-shirt sur les quai de la gare d’Emeryville, et que là, je me trouve au beau milieu de sapins aux la cimes enneigées.
La suite ? Une rando jusqu’à Mirror Lake, des bêtes de la forêt, des paysages… « Ho my god, Woaaaaaa » comme disent nos amis ricains. Tout est plus grand aux USA: les arbres, les rochers, les sodas, la connerie de leur président.
Je regarde humblement ce spectacle de la vie auquel j’ai l’honneur de prendre part, et tout aussi humblement, j’appuie frénétiquement sur le bouton de mon appareil photo tentant de saisir l’insaisissable. L’esprit Yosemite ça se vit !
Et si les rangers aiment à vanter la beauté de leur parc, c’est qu’il se pratique ici une observation de l’éternel.
Cette journée m’a remise à ma place de petit rien parmi un grand tout.
Et maintenant, place au feu de cheminée
Ps: mes potes allemands sont vraiment sympathiques.
Pps: have you heard about the Yosemite style ? Photo n 2